Au Niger, nous avons soutenu les écoles de la Deuxième Chance, destinée à des enfants entre 9 et 13 ans qui ne sont jamais allé·es à l’école ou qui l’ont quittée trop tôt. Nous avons soutenu ce programme en étroite collaboration avec l’Organisation Nigérienne des Éducateurs Novateurs (ONEN) jusqu’à son intégration complète dans le paysage éducatif nigérien en 2022. Les infrastructures construites durant le programme, sont aujourd’hui à disposition de l’ONEN et des services étatiques et continuent à accueillir des élèves.
Aujourd’hui, nous sommes heureux de partager notre récente discussion avec Koché Nabarey Bachirou. Il est originaire de Niamey et a fréquenté l’une des Écoles de la Deuxième Chance dans cette région.
C’est parti pour une interview !
Bonjour Koché, quand j’ai reçu de vos nouvelles, j’ai été impatiente d’en savoir plus sur votre parcours. Comment c’était en classe pour vous ?
À 6 ans, je suis allé à l’école primaire de Talladje 1 à Niamey. Mais à 7 ans et demi, ils m’ont renvoyé parce que je n’arrivais pas à avoir la moyenne.
L’importance de la langue d’enseignement
C’était trop difficile pour vous ?
Je me souviens que je n’étais pas très motivé car l’enseignement était en français et c’était trop dur pour moi. Ma famille parle le haoussa à la maison comme d’ailleurs presque tout le monde dans la région de Niamey. Le français est la langue officielle au Niger mais pour les enfants c’est compliqué.
L’Ecole de la Deuxième Chance
Que s’est-il passé ensuite ?
Heureusement, mon grand frère m’a inscrit à l’École de la Deuxième Chance soutenue par Enfants du Monde en collaboration avec l’Organisation Nigérienne des Éducateurs Novateurs jusqu’en 2022.
Là-bas au début, on nous enseignait dans nos langues nationales la 1ère et la 2ème année. Certains professeurs parlaient le haoussa ou le zarma et le peul. J’avais 8 ans quand je suis arrivé ; je me sentais comme dans ma famille et les professeurs étaient toujours à notre écoute
Le français était parlé dans les cours progressivement dès la 2ème année et complètement en 3 et 4ème. J’y ai appris à lire et à écrire et les mathématiques. Nous avions aussi accès à des formations professionnelles comme la couture et le jardinage.
J’ai de très bons souvenir de l’École de la Deuxième Chance et je suis toujours en contact avec un de mes enseignants et chaque fois que je peux, je lui rends visite.
Donc grâce à l’École de la Deuxième Chance vous avez pu non seulement terminer l’école primaire mais continuer vos études ?
Oui c’est ça. J’ai quitté l’École de la Deuxième Chance à 12 ans puis j’ai rejoint le CEG (Collège d’enseignement général) où j’ai obtenu un brevet avec une très bonne moyenne me permettant de m’orienter vers un lycée technique. Maintenant je suis à l’Université de Dosso à une centaine de kilomètres au sud-est de Niamey.
Et aujourd’hui : l’université !!!!
En 2022 à l’université de Dosso, vous avez reçu un tableau d’honneur. Il est loin le petit garçon qui n’avait pas la moyenne en primaire !
En effet, j’étais major de ma promotion ; le 1er de ma classe en section mathématique et en octobre j’ai commencé le 6ème semestre pour un master en mathématique fondamentale. C’est un cursus vers un métier de chercheur avec au bout une licence en mathématique fondamentale qui me permettra de réaliser mon rêve et d’être ingénieur.
En lisant ce qui précède, on réalise votre parcours exceptionnel. Au nom d’Enfants du Monde, j’aimerais vous transmettre nos félicitations pour votre réussite et exprimer notre fierté concernant l’impact de votre passage à l’École de la Deuxième Chance.
En savoir plus